Tout à l’heure, j’étais sur le plateau de LCI émission de Michel Field, avec 5 minutes pour expliquer en quoi l’extension du RSA aux jeunes était une non-mesure…
c’est déjà pas facile vu qu’en théorie l’extension c’est bien, que le RSA y aurait néanmoins beaucoup à redire, mais que dans les faits, l’extension ne fonctionne pas (voir le communiqué de Génération-Précaire ou l’analyse que je faisais du décret la veille de sa parution).
Bref exercice difficile que de vouloir contredire la machine à communiquer du gouvernement qui dit ça y est l’autonomie des jeunes est acquise.
Mais il n’y a finalement pas eu de débat, le ministre qui semblait sur les nerfs a préféré un long monologue…. c’était plutôt comique, jusqu’à ce qu’il nous accuse avec Génération-Précaire de « stigmatiser la jeunesse ». Ben oui, choisir un nom comme ça, c’est pas glop pour la jeunesse. Et puis on n’arrête pas de dire qu’il y a 23% de chômage pour les jeunes actifs, et que plus de 20% des 18-25 ans sont sous le seuil de pauvreté.
C’est triste comme discours, c’est pas bien ! Et puis nos propositions, elles sont trop simples ou trop techniques, alors on fait pas rêver.
Alors voici un petit droit de réponse, au ministre qui parle de risque d’assistanat pour la classe d’âge la plus dans la mouise… contrainte par l’echec ou la stupidité des politiques d’emploi depuis 30 ans (rappelez vous le plan Barre, les exonérations de charge sans contrepartie ou le CPE…) à mendier un emploi, un logement, bref, sa majorité économique.
Droit de réponse de Génération-Précaire à l’attaque du ministre de la jeunesse.
Le 1er septembre 2010, en duplex par téléphone sur le plateau de Michel Field sur LCI, Marc Philippe Daubresse semblait nerveux ; selon lui, nous serions responsables d’une certaine « stigmatisation de la jeunesse en parlant de génération précaire ». Au départ conçu pour être un dialogue avec un représentant de Génération-Précaire, le débat a fini en monologue du ministre… malgré les efforts du présentateur.
Alors nous souhaiterions rappeler que si depuis 5 ans nous avons choisi de nous appeler Génération-Précaire, c’est en réaction à un état de fait jamais démenti : le chômage comme la pauvreté sont malheureusement plus élevés chez les 18-25 ans.
Tout récemment, ce sont les plus grandes autorités internationales qui ont récemment tiré le signale d’alarme sur le « risque d’une génération perdue » (pour l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique) voire d’une « génération sacrifiée » pour le Bureau International du Travail.
Incriminer un collectif qui dénonce « un pays où les possibles se réduisent » : que ne faut-il pas faire pour masquer 3 ans d’échecs en matière d’emploi et de renoncement sur l’autonomie des jeunes? Et faire diversion de l’échec annoncé de la pseudo-extension du RSA aux jeunes !
Mais quand le ministre de la jeunesse perd pied le jour même du lancement de la mesure, nous sommes en droit d’être inquiets. Julien, présent sur le plateau, insiste : « C’est inquiétant de voir un ministre sortir de ses gonds aussi facilement et se contredire en direct sur des points essentiels d’une mesure applicable depuis moins de 24 heures ».
Objectifs du gouvernement : aider entre 0,27% et 2,9% des moins de 25 ans ?
Sur le coût et la portée de la mesure, le ministre désargenté s’est contredit : le gouvernement consacrera seulement 20 millions d’euros mais s’il faut plus, il mettra plus.
D’après nos calculs et ceux du député Christophe Sirugue (PS), 0,27% est le pourcentage de 18-25 ans que le RSA peut aider avec 20 millions d’euros, 2,9% c’est le pourcentage maximum évoqué il y a un an par l’Elysée soit 160 000 jeunes.
18 – 24 ans : 23% de chômeurs, 20% dans la pauvreté
Cette mesure est déconnectée des plus de 20% de 18-25 ans sous le seuil de pauvreté. Fin juin, Pôle Emploi comptabilisait 640 000 inscrits de moins de 25 ans.
Mauvaise cible : Avec ce « critère d’activité préalable », le RSA soutiendra ceux qui ont déjà travaillé deux ans, mais pas les plus défavorisés, ceux qui n’arrivent pas à trouver de travail, qu’ils soient sans qualification ou diplômés. Pour les moins de 25 ans, le RSA n’accompagnera vers l’emploi… que ceux qui en ont déjà un !
Pour Génération Précaire, Marc Philippe Daubresse est un « ministre prétexte » en quête de crédibilité pendant que l’Elysée démonte le plan d’aide aux jeunes. Il a lui-même évoqué le fait qu’il n’avait eu aucune influence sur le contenu du décret d’application du RSA pour les moins de 25 ans. Dans tous les cas le gouvernement montre peu de sensibilité aux chiffres du chômage et de la pauvreté chez les moins de 25 ans.
« Le péril jeune » : Daubresse détecte un fort penchant pour l’assistanat avant 25 ans
Mais c’est le ministre lui-même qui « stigmatise la jeunesse » en évoquant un risque « d’assistanat ». D’après lui le risque est trop grand de voir des jeunes qui touchent 460 euros par mois (et moins de 1000 euros s’ils ont un emploi) se complaire dans cette assistance. Pour Ophélie les choses sont claires : « Soit il s’agit de mépris, soit cela relève d’un humour noir que nous ne partageons pas ».
Le fait que le RSA ne soit dans les faits pas accessible aux moins de 25 ans rompt l’égalité des citoyens devant la loi et contraint les familles, notamment les classes moyennes, à de lourds sacrifices pour soutenir leurs enfants en quête d’autonomie. Génération-Précaire soutiendra d’ailleurs les recours exercés par les moins de 25 ans qui demanderont quand même le RSA pour démontrer cette discrimination.
Alors que ce gouvernement comme les précédents continue de gagner du temps et de ne rien inventer pour remédier à la grave crise d’insertion professionnelle des jeunes actifs, Génération-Précaire s’engage à la rentrée dans un grand plan de concertation pour favoriser le recours à l’apprentissage en lieu et place des stages longs de fin d’études destructeurs d’emploi.
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