Supprimons la Cour de Justice de la République (CJR)

10 novembre 2015

Ce lundi j’étais à Lyon pour une mobilisation contre l’évasion fiscale et pour le climat.. Libération en a fait le récit, ci dessous ou sur le site de Libération !

«Cueillette» de sièges contre l’évasion fiscale dans une banque lyonnaise

Des militants EE-LV, emmenés par le conseiller régional francilien Julien Bayou, sont allés subtiliser des chaises dans des agences bancaires en vue d’une manif pour la réunion de la COP21.

A Lyon, pas facile de trouver une banque ouverte le lundi. C’est le cas du siège local de HSBC, situé rue de la République, parmi les immeubles haussmanniens. Une quinzaine de militants franchit, d’un pas décidé, la porte vitrée. L’un d’eux la bloque ouverte, tandis que d’autres s’emparent de trois fauteuils club, cuir et piétement massif. Deux personnes viennent expliquer le geste à l’employée de banque, affolée.

Après le fauchage d’OGM, les temps sont au fauchage de chaises. Cet appel à la désobéissance civile a été lancé par les altermondialistes basques de Bizi ! (mouvement cousin d’Alternatiba) en février dernier. Il a depuis essaimé en faisant le tour de France : Paris, Toulouse, Nîmes, Chambéry, Marseille, Bordeaux, Strasbourg et, enfin, Lyon.

Le principe : s’introduire dans une agence bancaire et repartir avec quelques sièges, symboles de l’évasion fiscale dont «BNP-Paribas et HSBC sont les champions», explique Julien Bayou, porte-parole national d’Europe-Ecologie Les Verts (EE-LV), venu d’Ile-de-France, où il est élu régional, pour prêter main-forte aux militants lyonnais. A ses côtés, Corinne Morel Darleux, secrétaire nationale du Parti de gauche, conseillère régionale et porte-parole du Rassemblement citoyen, écologique et solidaire (Front de gauche, PG, EELV, Nouvelle Donne, société civile) en Rhône-Alpes. «Depuis 2010, la région s’est engagée, sous l’impulsion du groupe écologiste, à ce que ses partenaires financiers n’aient pas recours aux paradis fiscaux, explique-t-elle. Mais nous voulons aller plus loin.» Par exemple, en refusant d’aider toute entreprise dont l’argent transiterait via ces enclaves.

A LIRE AUSSILa tribune «Pour le climat, appel à tous les faucheurs de chaises»

196 sièges

L’objectif des faucheurs : réunir 196 sièges, pour les 196 représentants de pays qui se mettront autour de la table lors de la COP21. «On nous dit que l’accord est à portée de main si on trouve 100 milliards d’euros, reprend Julien Bayou. On sait où ils sont : il y a 1 000 milliards dans les paradis fiscaux.» Les chaises «cueillies» en région seront acheminées vers Paris pour la Marche mondiale pour le climat, le 29 novembre. En attendant, elles vont «séjourner» et «circuler» chez des militants ou des personnalités du mouvement. Ensuite, elles devraient être données à des associations «qui agissent pour le bien commun», explique Corinne Morel Darleux. Le 4 novembre, 102 chaises avaient déjà été collectées.

Les sièges sont reposés sur le trottoir, les militants déploient quelques affiches et posent autour. Déclaration et photos pour la poignée de journalistes présents. Derrière sa vitre, la guichetière joue fébrilement du téléphone. «On n’a rien contre le personnel, précise Julien Bayou. On va lui donner le numéro de Michel Sapin pour qu’ils s’arrangent pour le remboursement.»

Interpellations

Cent mètres plus loin, au croisement de la rue Gentil et de la rue Sallès, un coin quadrillé par les caméras de surveillance, les porteurs de chaises sont alpagués par des policiers en civil. Le troisième siège venait tout juste d’être chargé dans une camionnette de location. Clés en main, Jérôme Faynel, septième sur la liste Métropole de Lyon du Rassemblement citoyen, écologique et solidaire. Avec lui, dix autres militants vont être embarqués.

Mais les véhicules de police tardent. «Y’a des sièges si vous voulez, mais y’a pas de ceintures de sécurité», lance Jérôme Faynel en montrant du menton la camionnette, grand sourire. Il finit par repartir accompagné d’un flic à la place du mort. Direction le commissariat du IIearrondissement. Les renforts sont là, désormais plus nombreux que les faucheurs. «On aimerait qu’il y ait le même déploiement pour l’évasion fiscale, dit Julien Bayou. Je veux bien faire un peu de garde à vue si le directeur d’HSBC en fait aussi un peu.» Dernière image de cette mobilisation éclair : entourés de militants à l’arrière du panier à salade, les deux élus – Bayou et Morel Darleux – en profitent pour tweeter. Le hashtag qu’ils viennent de lancer : «On le dit, on le fait.»

Après avoir été auditionnés, les militants ont été relâchés dans les deux heures qui ont suivi leur interpellation. Sept d’entre eux (les porteurs de chaises effectifs) vont être appelés à comparaître devant un juge, pour vol en réunion. Aucun ne compte répondre à cette convocation, considérant qu’il s’agit avant tout d’un délit d’opinion.

Maïté DARNAULT correspondante à Lyon

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