Supprimons la Cour de Justice de la République (CJR)

9 mai 2010

Julien Bayou, militant médiatique

Julien Bayou, 29 ans, cofondateur du collectif Jeudi noir, pratique le squat comme une action politique.

Même s’il porte –lorsqu’il manifeste– un costume de Superman avec des pectoraux rembourrés, Julien Bayou, 29 ans, vit l’aventure au coin de la rue. Au quotidien et en bande. Place des Vosges, par exemple. Là, dans une cour intérieure pavée, Julien discute d’arguments juridiques avec l’un des 30 résidents temporaires du lieu, des étudiants et un traducteur freelance.

Le jeune homme à la chevelure en pétard est l’un des cofondateurs de Jeudi noir, un mouvement à l’origine du squat de cet immeuble prestigieux, inhabité depuis quarante-cinq ans. La justice a ordonné l’expulsion des 30 squatters à partir du 25 janvier dernier. Sous peine de devoir payer 25.000 euros par mois d’occupation. Jeudi noir fait appel de cette décision et est resté dans les 1.000 m2. Les parquets ont été nettoyés, des appartements ont été occupés en faisant attention à ne rien dégrader. Julien n’habite pas sur place, il est locataire ailleurs après avoir squatté pendant deux ans au « ministère de la crise du logement », rue de la Banque, avec le DAL (Droit au logement).

« Une réponse au problème du mal-logement »

« Nous voulons faire passer un message. Montrer que la réquisition de logements vides contre le versement de loyers peut être une réponse parmi d’autres au problème du mal-logement », explique Julien Bayou. Attirer l’attention, amuser, frapper les esprits puis dénoncer un état de fait avec des chiffres et des formules chocs: c’est la méthode Jeudi noir, qui s’est fait connaître en 2006 en organisant des fêtes dans des studios mis en location à des prix délirants. « On fait les marioles pour obliger à parler d’un sujet récurrent que les journalistes ne traitent que s’il y a une actu. »

Ce mode d’action ludique avait déjà été testé avec Génération précaire, un autre mouvement dénonçant l’exploitation des stagiaires, et dont Julien Bayou est aussi l’un des cofondateurs. A l’époque, cet étudiant en économie achève un stage au magazineAlternatives économiques, tout en dressant un état des lieux des stages en France. C’est en connaisseur du dossier qu’il est approché par Cathy, bac +5 et désespérée de ne pas décrocher un CDD. Ils créent Génération précaire avec une poignée d’autres étudiants. Un collectif sans président, comme Jeudi noir.

Julien est allergique aux syndicats et partis qui demandent à ce que « l’on soit 100% d’accord sur toute la ligne ». Lui le « républicain », qui a grandi place de la République à Paris, fuit le cloisonnement et a besoin de se battre pour des causes qui l’intéressent.« S’engager, c’est une fête. » Investi façon zappeur –Jeudi noir, Génération précaire, Sauvons les riches, et président bénévole de l’Espace public numérique, dans le 3e, qui donne des cours d’Internet–, il est quatrième sur la liste Europe Ecologie du Val-d’Oise pour les régionales. « Là, je ne me sens pas enfermé dans un logiciel, je peux piocher ailleurs. »

Chef d’entreprise, il travaille à mi-temps dans la coopérative qu’il a fondée avec un autre militant de Jeudi noir. Leur société fournit des prestations en communication pour les ONG: buzz, marketing viral et opérations drolatiques ayant pour but d’être médiatisées. Ce que sait très bien faire ce superman avec des faux biscotos, de l’humour et un discours politique sous-jacent, « comme Monsieur Jourdain faisait de la prose ».

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